Un réseau collaboratif ou hétérarchie

Les structures sociales de la plupart des civilisations humaines sont hiérarchisées. Une organisation hiérarchisée est une structure dite "ascendante", tel que chacun de ses éléments se trouve subordonné à celui qu'il suit, on parle aussi de structure pyramidale.

L'opposé d'une hiérarchie est une anarchie, cela désigne la situation d'une société où il n'existe pas de chef, pas d'autorité unique, autrement dit où chaque sujet ne peut prétendre à un pouvoir sur l'autre.

Une organisation collaborative (ou hétérarchie) n'est ni l'un ni l'autre, c'est donc un système d'organisation qui se distingue de la hiérarchie et de l'anarchie parce qu'il favorise l'interrelation et la coopération entre les membres plutôt qu'une structure ascendante. Les structures sociales à l'intérieur du système se chevauchent et s'entrecroisent ; les liens entre les membres sont multiples et l'ascendance est affaiblie par cette multiplicité de liens.

Ce principe d'organisation est à la base de la création d'internet, puisque l'idée de ce réseau devait être décentralisé et donc non soumis à un pouvoir unique.

Quelques exemples d'hétérarchie

fourmis

Les fourmis (tout comme les termites) s'organise en structure hétérarchique, c'est à dire qu'il n'y a pas de chef en tant que tel. Même s'il y a une reine, ce n'est pas elle qui donne les ordres, chaque individu se mobilise pour combler les besoins de la colonie, que ce soit pour la nourriture, la défense, l'attaque, l'aménagement des galeries... etc

Ils partagent la même position "horizontale" de pouvoir et d'autorité : en théorie chaque acteur joue un rôle égal.

Réseau neuronale

Le cerveau fonctionne de façon hétérarchique, il n'y a pas un neurone qui dirige les autres, chaque neurone s'interconnecte aux autres afin de répondre à un stimulus en le convertissant en influx nerveux ou de servir de conducteur afin de transmettre les impulsions nerveuses.

ADN

L'ADN fonctionne aussi de façon hétérarchique : aucun gène ne commande aux autres. Tous les gènes se combinent pour former un être complet, même si un gène est défectueux, il sera tout de même intégré, vu qu'il n'y a pas d'autorité lui interdisant son association aux autres. Il faut donc comprendre que dans une hétérarchie, tous les éléments de la structure ne sont pas forcément parfait, mais il n'y aura pas de discrimination pour autant envers cet élément.

Les réseaux sociaux évoluent entre être et paraître, les réseaux collaboratifs entre être et faire.

Ces derniers reposent donc sur des écosystèmes opérationnels et personnels, contrairement aux réseaux sociaux classiques qui sont purement informatifs et publics. Développés à l'initiative d'individus vers des communautés plutôt que l'inverse, les réseaux collaboratifs protègent d'emblée le caractère privé des échanges entre leurs membres, pour que l'engagement de chacun ne soit pas freiné par des considérations de notoriété ou de réputation.

La monnaie d'échange, ce n'est plus l'audience acquise, mais la qualité de participation de chacun (Compétences, savoir, idées, bien sûr, mais également disponibilité, écoute, partage, échange, assiduité, en deux mots : présence et pertinence).

Et loin de représenter un frein, le caractère privé et confidentiel de ces relations favorise la création, l'engagement, et donc la participation à l'intérieur de petites communautés spontanées, discrètes, autonomes car cimentées à la fois par un but commun et un groupe de confiance.

Ce qui renforce encore l'idée que les réseaux collaboratifs sont bien l'avenir des réseaux sociaux. Ils n'ont pas pour objet de les remplacer car ils ne remplissent pas la même fonction, mais ils peuvent compléter leur action de prospection et de diffusion à grande échelle par une négociation plus fine, plus construite, plus confidentielle et plus rentable des contenus et des échanges, basée sur une cartographie dynamique, une coordination des intentions.